Page 36 - Romania 100

Pendant longtemps,
le défi pour nous était
de faire en sorte que
les autres - et d’abord
et avant tout nos partenaires stratégiques - reconnaissent
et adoptent notre conception du rôle et
du positionnement stratégique de
la Roumanie. Le renforcement de
notre participation
à l’OTAN et à l’UE a considérablement facilité cette approche.
Pendant longtemps, la définition géopolitique de la Roumanie comme « pays de l’Europe centrale proche des Balkans
» a été l’un des identifiants stratégiques les plus plausibles pour nous. Au cours de la dernière décennie, dans le contexte des mutations de la politique suivie par nos pays riverains, mais surtout à la suite de l’annexion illégale de la Crimée et de la déstabilisation déterminée dans l’est de l’Ukraine, notamment avec la modification de la dynamique du pouvoir dans la région de
la mer Noire, l’identificateur géostratégique le plus important de la Roumanie est devenue celui d’un État responsable capable de générer la sécurité et la confiance dans une région comportant autant d’intérêts stratégiques et de tensions que la région de la mer Baltique. Maintenant, lorsque nous célébrons le centenaire de la Grande Union - bien que nous devions mentionner que l’État roumain était né bien avant, et
36
que le peuple roumain et l’idée de la Roumanie étaient déjà apparus - les mutations, les défis et - comme mentionné
à plusieurs reprises - les opportunités stratégiques pour la Roumanie se réfèrent principalement à la manière dont nous entrons dans la compétition mondiale en tant que partie intégrante d’entités plus grandes, les seules capables de nous garder tous les Européens
dans le jeu à l’ère de l’hyper- mondialisation.
Il existe au moins trois tendances dans la dynamique mondiale contemporaine, auxquelles la Roumanie, comme d’autres membres de l’UE et alliés de l’Atlantique Nord, ne peuvent faire face et que ces pays ne peuvent exploiter à leur avantage s’ils ne traitent et ne négocient pas ensemble ces changements structurels.
Tout d’abord, le monde d’aujourd’hui marque une reprise quelque peu paradoxale de la
Mihnea Motoc, conseiller en matière de défense auprès du président de la Commission européenne
politique des grandes forces, parallèlement à la restriction de l’adhésion au multilatéralisme; les considérations relatives à la force militaire ont encore une fois un impact considérable
sur la politique étrangère
des principaux acteurs mondiaux; l’offre libérale de réexamen de l’ordre mondial
est en concurrence avec des expériences alternatives qui, pour la première fois de l’histoire moderne, ne semblent pouvoir que partiellement ou à court terme fournir des résultats comparables à ceux fournis jusqu'à présent uniquement
par l’ordre basé sur des règles libérales, au moins au niveau économique.
Deuxièmement, l’évolution technologique se fait maintenant à pas de géant, avec des conséquences et des effets paradigmatiques. Aujourd’hui, cela change vraiment et accélère l’histoire.
Troisièmement, l’échelle ou la capacité d’intégration est l’un des moteurs de ces développements