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(la Ligue), la première tentative d’établissement et d’institutionnalisation du multilatéralisme politique en tant qu’outil permettant de résoudre les tensions et les conflits politiques. Malheureusement, le désir de revanche,
par tout moyen, parmi les perdants et le mécontentement vis-à-vis des résultats de la première guerre ont conduit à la mort de la Société des Nations et au déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, dont les pertes en vies humaines et matérielles ont dépassé celles enregistrées à la fin de la première conflagration.
Le fait que la Seconde Guerre mondiale ait été généralement gagnée par les mêmes pays qui avaient remporté la première a fait que les changements apportés par la Paix de Paris soient de moindre ampleur que ceux générés par le système des traités de Versailles, mais pas dépourvus de significations.
La renaissance du multilatéralisme globaliste par la création de l’Organisation des Nations Unies a été un grand pas en avant, mais elle
a coïncidé avec le début de la guerre froide, résultat de la scission du monde en deux systèmes sociaux, politiques et économiques, non seulement en concurrence, mais en fait antagonistes.
Le Moment 1975, de la signature du document d’Helsinki et la naissance de la Conférence, aujourd’hui l’Organisation pour la sécurité et
la coopération en Europe (OSCE), représentait un moment de détente entre les deux mondes opposés, mais ouvrait aussi la voie à la vague des révolutions anticommunistes aux alentours de 1989 et à la disparition de l’URSS. Celles- ci, loin d’apporter la „fin de l’histoire”, en ont dynamisé davantage le cours.
À ces développements se sont par la suite ajouté divers phénomènes et processus, la mondialisation accélérée, qui ont modifié de manière souvent inattendue les relations entre citoyens, sociétés et États, phénomènes associés à l’accroissement de l’importance et de l’influence de certains acteurs générant
de multiples pôles de pouvoir au niveau international, phénomènes d’intégration avancée au niveau régional ou sur la base de valeurs et d’intérêts partagés, ainsi que de tendances centrifuges au sein de structures qui n’ont pas prouvé leur viabilité dans ce
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paysage marqué d’un dynamisme profond. Malheureusement, à certains égards, on peut dire que dans de nombreuses régions du monde, la fin de la guerre froide a laissé derrière elle des situations de paix brûlante, ou des conflits locaux, derrière lesquels on peut facilement apercevoir les influences de plusieurs acteurs concurrents sur plusieurs plans.
Où en sommes-nous
Au cours de ses premiers 100 ans, la Roumanie a reflété presque comme dans un miroir les volutes de l’histoire européenne et mondiale, mais malheureusement pas souvent en tant qu’agent de changement.
La fin de la Grande Guerre a entraîné la réalisation de l’idéal national de la Grande Union et a placé la Grande Roumanie sur la voie déjà ouverte par la Petite Union
de l’européanisation, de la modernisation
et du développement. Au contraire, la Seconde Guerre Mondiale a entraîné la perte de l’autonomie décisionnelle, les pertes territoriales connues, le sacrifice de toute une génération et, plus grave encore, avec
la fin de la guerre, le pays s’est retrouvé dans un contexte qui ne lui était pas du tout favorable.
Le communisme en Roumanie a signifié l’abandon des valeurs européennes et libérales, l’éloignement de la voie de la démocratique
et la perte de l’accès aux possibilités de développement économique, le gaspillage des ressources humaines et matérielles à travers des projets en réalité très éloignés des besoins réels du pays.
La Roumanie a payé au prix de nombreuses vies sa libération de l’oppression de l’utopie communiste et a ainsi retrouvé son droit de revenir dans la famille des sociétés bâties
sur des valeurs authentiques européennes et universelles, sur la démocratie, la liberté, avec des chances remarquables de développement économique fort.
Du point de vue de la politique étrangère, dont les engagements sont en même temps devenus des normes internes,
le nouveau cours de la Roumanie a été